top of page

CHRONIQUE DES VENDANGES

Pour vous faire vivre au jour le jour la vie du Domaine ses joies, ses peines, ses grands espoirs....de petites phrases qui vous en diront plus que de longs discours.....

02/11/2017

Nous sommes jeudi, comme de bien entendu la météo nous a promis de la pluie...en guise de pluie nous avons un joli ciel clair, légèrement voilé mais lumineux....il n'y aura pas de pluie ce jeudi non plus....je pense que je ne verrais plus jamais la pluie tomber...c'est quelque chose qui a disparu, qui n'arrivera plus...Nous sommes en train de soutirer une cuve de syrah qui a fait sa malo tout en ensemençant avec les lies les autres cuves de syrah qui ne semblent pas décidées à faire la leur. Hier soir, je me suis précipitée déposer des échantillons dans un endroit où un releveur a dû passer ce matin pour faire analyser les réfractaires. Véronique mon oenologue vient cet après midi, nous allons déguster les barriques pour voir comment les vins évoluent.

31/10/2017

Comme la recette des assemblages s'est avérée très bonne, j'ai décidé de continuer à assembler des vins qui auront la même destination commmerciale et qui vont rapidement faire leur malo car certains d'entre eux ont déjà fini la leur et ils vont entraîner les autres....donc les carignans, les mourvèdres, les counoises, les clairettes ont été assemblés dans une cuve de 260 hectolitres (26 000 litres). De leur côté, les syrahs, ensemencées avec les lies, semblent décidées à faire leur malo. Une cuve aurait même fait la sienne, tout à fait silencieusement. Aucune bulle, aucun glouglou reconnaissable, ne s'est fait entendre dans cette cuve et pourtant...la malo semblait presque finie dans la dernière analyse. Il faut dire qu'il fait chaud et que les vins restent autour de 20 degrés. J'ai emmené les échantillons hier soir et j'aurais les résultats aujourd'hui. Nous devons nous consacrer parallèlement à la commercialisation, car l'automne est la bonne période pour recommencer à expédier les vins. Mes clients commencent déjà à penser à ré approvisionner leur cave. Les fêtes de Noël ne sont pas si loin...alors on étiquette, on prépare les palettes commandées, on téléphone aux transporteurs...Et Il ne PLEUT TOUJOURS PAS ...quand reverrons nous la pluie? Ne pleuvra-t-il donc jamais plus? nous avons largement entamé notre 6ième mois sans pluie. Je n'ai jamais vu cela de toute ma vie. Je dois arroser mon lilas et mes plantes dans mon jardin, pour qu'elles ne meurent pas. Même les arbres soufrent, alors j'arrose la très grande glycine et mon magnolia. Et je pense à mes pieds de vigne que je ne peux pas arroser et qui doivent supporter ce climat semi désertique. Dans les jardins, tous les buis sont morts, tout est desséché. Le mistral s'est mis à souffler violemment, desséchant encore plus les sols et les végétaux. Il n'y a plus de beurre dans les supermarchés....je disais hier à mon employé "on se croirait dans un film de Science Fiction...". Je pense même à un film post apocalyptique...je me demande si les habitants de ce pays se rendent compte de ce qui se passe. Ils sont tellement coupés de la nature, de ceux qui la cultivent et qui produisent de quoi les régaler et les nourrir. Je pense aux éleveurs dont le sort semble scellé.

25/10/2017

Analyses reçues...tous les paramètres sont absolument idylliques...parfaits....tout est fini, le sucre, l'acide malique....pas de volatile....la vie rêvée des anges....Mais, comme je suis du genre méfiante et comme je suis de celles qui doutent, j'ai commencé à me triturer les méninges: est ce normal que tout soit si parfait en seulement 48 heures, donc en un temps record? est ce que les deux vins se sont bien mélangés ou bien avons nous prélevé les échantillons avec ma longue canne juste à l'endroit où le mélange magique a eu lieu? Et si le vin dans lequel il restait du sucre était au fond des cuves et celui qui n'avait pas fait sa malo en haut??? et si, et si, et si...la mathématique magique j'y crois mais là, tout semble être allé trop vite. Mon oenologue ne doute pas que tout se soit bien mélangé et que les résultats des analyses soient justes. Selon elle, je peux donc soutirer les deux cuves. Mais, la nuit, les chiffres tournent dans ma tête et m'empêchent de dormir. Décision prise hier matin: on reprend les échantillons dans les cuves! mais cette fois ci en haut et on va voir... Retour des résultats à la mi journée: encore plus parfait et plus idyllique !! on s'est donc jeté sur une des cuves pour la soutirer. Grandes manœuvres tout de même qui prennent de longues heures. Nous avons aussi utilisé les lies pour ensemencer les gouttes de syrah, qui ne semblent absolument pas vouloir faire leur fermentation malolactique malgré le maintien des températures. Aujourd'hui on continue encore 155 hectolitres à soutirer. Aller retour = 310 hectolitres à pomper (31 000 litres).

21/10/2017

Il n'a pas plu...pas une goutte! voilà deux mois que la météo nous dit "il pleut jeudi"....et cela n'arrive jamais ! c'est à rire !!! Finalement, et pour ne prendre aucun risque, nous avons décidé que nous allons assembler par moitié la cuve dans laquelle il reste un peu de sucre et qui a fait sa malo (fermentation malolactique) avec une autre cuve de grenache qui est sèche archi sèche (moins de 2 g de sucre par litre) et qui n'a pas fait sa malo. Nous aurons presque instantanément une cuve sans sucre avec une malo presque finie ....simple question de chiffres et de mathématique, magie de la mathématique !!!! nous allons attendre 48 heures et vite analyser les deux vins. Ensuite nous soutirerons rapidement ce qui implique un passage à l'air, un nettoyage des lies et un sulfitage et ces deux vins seront terminés. Nous allons aussi commencer à ensemencer les cuves avec les lies des vins qui ont fini leur malo. Les bactéries se trouvent généralement en grand nombre dans les lies et, en les mettant dans une cuve qui ne semble pas décidée à faire sa malo, on apporte les bactéries lactiques qui, si la cuve reste autour de 21°, vont dégrader l'acide malique en acide lactique et le tour est joué. Cela implique tout de même pas mal de gesticulations pour enlever du vin et le remplacer par les lies dans toutes les cuves.

19/10/2017

Bon, comme prévu, j'ai bien collé mon rosé. Cette manipulation doit être faite en suivant un protocole minutieux. Tout d'abord, il faut faire gonfler les produits. Dans ce cas, de la bentonite (qui est une argile ) et la colle de poisson ou ichtyocolle (constituée de vessies de poissons séchées et réduites en poudre). Il faut ajouter de l'eau aux deux produits (naturels...), bien les agiter et attendre qu'ils se transforment en une sorte de gelée. Ensuite il faut envoyer tout le vin dans une cuve bien propre, rajouter du CO2 pour protéger la surface du vin pendant le pompage et éviter toute oxydation et ramener celui ci dans sa cuve en passant dans un baquet. Je mets les deux produits dans des cubis avec de petits robinets, je les pose sur deux tabourets et je les fais couler ensemble dans le baquet où ils se mélangent avec le vin qui coule de la cuve par un grand coude inox et qui est repompé ensuite par un tuyau vers la cuve de départ. Il faut essayer de tomber juste et que les colles se terminent au moment où tout le vin est écoulé. Bien sûr certains domaines utilisent des systèmes plus sophistiqués qui introduisent peu à peu la colle dans le vin pendant son pompage. Mais, comme je vous l'ai dit, chez moi le travail c'est du cousu main, à l'ancienne. Ce processus permet ensuite, par un phénomène de décantation, de clarifier les vins, de les nettoyer de toutes les particules en suspension. La colle se dépose au fond de la cuve et au bout de deux à trois semaines environ, il faut repomper le vin vers une cuve, en protégeant la surface avec du CO2, nettoyer la colle qui s'est déposée au fond de la cuve et renvoyer le vin vers sa propre cuve. Voilà vous savez tout sur le collage....nous n'utilisons plus les colles à base d'oeufs (qui étaient pourtant traditionnelles) pour éviter tout problème pour les personnes allergiques.

18/10/2017

Ce matin panique à bord...le rosé qui a été déclaré sec (moins de 4 g de sucre) pourtant, il a été mis au propre et sulfité....mais il pétille !!!! que se passe-t-il? fermentation alcoolique ou bien fermentation malolactique??? comme sur l'une de mes cuves de rouge qui a fini sa fermentation malolactique et dans laquelle il reste encore du sucre....dur dur ce matin!!! il faut bondir avec les échantillons à Suze la Rousse où se trouve mon laboratoire d'analyse à l'université du vin dans le château, pour vite re analyser tout cela et pour savoir exactement où nous en sommes. Mon oenologue préconise un collage pour le rosé. Et de la patience et de la surveillance pour le rouge. Je suis un peu énervée....toujours peur que les choses tournent mal. A savoir une éventuelle piqûre lactique sur le rouge et une fermentation malolactique sur un rosé ce qui serait vraiment une catastrophe. Les rosés deviennent plats et sans vivacité. On ne laisse les fermentations se faire seulement sur des rosés très acides et très agressifs...ce qui n'est pas le cas de mes rosés....résultats des analyses obtenus presque dans la foulée: il ne semble pas qu'il y ait une malo en cours sur le rosé. Ouf !!!! Le rouge a perdu un gramme de sucre et la volatile n'est pas montée en flèche. Demain, je vais tout de même coller mon rosé, par prudence et une fois ce travail fait il ne sera plus à faire au printemps....je vous explique tout cela demain....

13/10/2017

Voilà à quoi ressemble une feuille d'analyse....nous analysons ainsi les vins tous les trois jours.....Ici la fermentation alcoolique étant terminée, nous allons nous intéresser maintenant à la fermentation malolactique. Si celle ci se fait, l'analyse va montrer une baisse de l'acide malique, au profit de l'acide lactique. Sous l'effet des bactéries lactiques, l'acide malique est en effet changé en acide lactique. Quand la fermentation alcoolique est terminée, tout se passe bien...il faut maintenir la température du vin autour de 20/21/22° et laisser faire. S'il reste du sucre DANGER!!! dès qu'il n'y a plus d'acide malique, il faut vite soutirer à l'air et sulfiter pour éviter que les bactéries lactiques n'attaquent les sucres et les dégradent en Volatile.....Donc nous sommes dans une période où il faut tout surveiller, et ne rien oublier, chaque cuve doit être suivie minutieusement...

12/09/2017

Je vous délaisse sans cesse....moins fidèle à ma chronique des vendanges que l'année dernière, je l'avoue. Avant hier nous avons fait un très gros décuvage et aujourd'hui nous sommes en train de faire le dernier décuvage. Les vins ont été décuvés sans avoir totalement terminé leur sucre, pour pouvoir rajouter les presses sur les gouttes et pour laisser les sucres se terminer en phase liquide. Parfois les vins s'étouffent un peu sous d'énormes chapeaux de marc. On ne peut pas trop oxygéner les grenaches, sous peine de les oxyder mais, un décuvage remet les levures en suspension, les aère même si on ne fait pas un vrai passage à l'air, et en apportant l'activité fermentaire des presses il permet à la fermentation d'aller jusqu'au bout avec plus de facilité. Dures journées pour les hommes dans le chai. Le travail est difficile et éprouvant. Il y aura bientôt 5 mois qu'il n'a pas plu....environ 5 millimètre en tout depuis 5 mois....Vous vous demandez peut être ce que deviennent les marcs (la matière sèche constituée de la peau des raisins, des pépins)... avec les lies, ils partent à la distillerie. Nous sommes obligés de les donner à l'état qui les transforme en alcool pur. Tout au long de la fermentation, mis à part notre préoccupation par rapport à la vie des levures, nous avons une autre préoccupation: travailler le chapeau constitué par la matière sèche dans une cuve. Dès que la fermentation commence il flotte à la surface du moût comme un épais tapis très dense. Le CO2 produit par la fermentation le rend très difficile à immerger, comme un bouchon en liège, il flotte...mais, c'est là que se trouve tout ce qui est important dans le vin: les arômes, la couleur, la matière, la structure, les tanins etc...donc notre travail consiste à extraire le maximum de ces qualités en faisant des remontages (en arrosant ce chapeau avec le moût que l'on pompe) des délestages (en envoyant la totalité du moût de la cuve dans une autre cuve et en le renvoyant brutalement sur le chapeau). En pratiquant des pigeages (en enfonçant ou bien en noyant le chapeau dans le moût par divers procédés). Plus on travaille le chapeau tôt, plus on va extraire du fruit, quand le moût commence à être alcoolisé, on va extraire des choses plus dures donc il faut agir en fonction de la densité du moût. 

09/10/2017

Je reçois à l'instant un SMS de mon stagiaire, qui nous avait fait une peur bleue en plongeant pratiquement entièrement dans une cuve. Pour rattraper un seau il aurait ainsi pu mourir, si la fermentation avait démarré sur cette cuve ce qui heureusement n'était pas le cas. Je lui ai envoyé nombre de liens ce week end par mail, exposant les dangers du CO2 et de l'Azote dans les caves, en lui proposant de faire un exposé sur le thème de la sécurité dans les caves dans son école. Il m'avait expliqué qu'aucune information n'avait été faite sur le sujet de la sécurité, la dangerosité des gaz etc... Après discussion avec l'équipe pédagogique de son école, il m'apprend ce matin qu'il a été décidé qu'une demie journée de formation sur la sécurité sera organisée dorénavant avant que les jeunes ne fassent des stages dans les caves. YES !!!! nous avons transformé une expérience négative en quelque chose de très positif et nous en sommes très heureux. Comme quoi les stages ont du bon...ils permettent même de former les formateurs à mieux former leurs jeunes étudiants...AH AH AH !!!!!

07/10/2017

La cuve décuvée fait 130 hectolitres...pile poil le volume d'une de mes cuves de stockage. Donc hier, j'ai pris la décision de la transférer illico dans la cuve de stockage...Je pouvais lire :"elle nous embête celle là !!!" sur les visages excédés des messieurs dans le chai....j'aurais pu leur servir le diction super irritant de ma grand mère : "faire et refaire, c'est toujours travailler" qu'elle me disait quand je devais détricoter un ouvrage qu'elle m'apprenait à faire....je n'ai jamais trouvé dicton plus idiot donc, j'ai seulement expliqué à quoi nous échapperions si les sucres ne se finissent pas rapidement: surveillance, bougie au bout d'une ficelle, du CO2 à la surface du vin (grande surface à l'air car le vin est en vidange dans une cuve beaucoup plus grande....donc danger). Il faudra rajouter du CO2 en permanence avec la bouteille quand la fermentation ne produira plus de gaz, vérifier si le vin pétille toujours, l'analyser sans arrêt. Quand il ne restera plus que quelques grammes de sucre à finir, il sera impossible de le bouger car à ce moment là, c'est sûr, on arrête définitivement la fermentation...etc.....ils ont vite compris l'intérêt de transférer le vin dans la cuve dont le volume est équivalent et qui va donner moins de soucis....le décuvage a été très bizarre, la vendange était un peu sèche et le vin ne se drainait pas bien. Mon employé en avait plein les bottes et le chapeau de marc était énorme. Décuvage difficile.

09/09/2017

Je reçois à l'instant un SMS de mon stagiaire, qui nous avait fait une peur bleue en plongeant pratiquement entièrement dans une cuve. Pour rattraper un seau il aurait pu mourir. Heureusement la fermentation n'avait pas démarré sur cette cuve. Le lendemain, le même geste lui aurait coûté la vie !!! Je lui ai envoyé nombre de liens, ce week end par mail, exposant les dangers du CO2 et de l'Azote dans les caves, en lui proposant de faire un exposé sur le thème de la sécurité dans les caves dans son école. Il m'avait expliqué qu'aucune information n'avait été faite sur le sujet de la sécurité, la dangerosité des gaz etc... Après discussion avec l'équipe pédagogique de son école, il m'apprend ce matin qu'il a été décidé qu'une demie journée de formation sur la sécurité sera organisée dorénavant avant que les jeunes ne fassent des stages dans les caves. YES !!!! nous avons transformé une expérience négative en quelque chose de très positif et nous en sommes très heureux. Comme quoi les stages ont du bon...ils permettent même de former les formateurs à mieux former leurs jeunes étudiants...AH AH AH !!!!!

06/10/2017 BIS

Certains pensent que dès que la vendange est finie, tout est fini....mais, bien au contraire....les choses ne s'arrêtent pas là ....le travail intense continue...s'intensifie même! aujourd'hui mon employé décuve. Au fond d'une cuve, pelle à la main, envoyant le marc dans la pompe dans une ambiance très chaude, humide...travail pénible, il sort de là trempé de sueur et épuisé. Pendant ce temps une autre personne su le pressoir étale le marc qui arrive...difficile aussi....il nous reste encore beaucoup de travail et de soucis. On pourrait presque dire que tout commence, en fait. Car ces raisins ramassés, c'est la matière première. Ensuite, il faut en faire du vin et ...du bon vin! Mon oenologue me dit: "quand on met des raisins dans une cuve, potentiellement ce que l'on a: c'est du vinaigre. Tout ce qui va séparer ce vinaigre d'un excellent vin c'est le travail, la surveillance, l'attention, la réactivité, les soins que nous allons apporter à cette matière première...

06/10/2017

Voilà, j'ai une cuve avec une fermentation languissante...elle n'est pas arrêtée mais, la densité (qui mesure le sucre dans le moût) baisse trop lentement. Après 9 jours de fermentation on est toujours au dessus de 1000. Décision a été prise avec Véronique, mon oenologue, de décuver cette cuve, de remettre les presses sur la goutte, pour stimuler la fermentation. Ensuite, il faudra garder les doigts croisés et espérer que la fermentation se termine. Le but: moins de 3g de sucre par litre puisque cette cuve est au dessus de 14°.....le marathon a commencé, il va falloir surveiller l'évolution en permanence, surveiller qu'il y a bien du CO2 sur la surface pour protéger la cuve car elle va être en vidange dans les cuves de fermentation où j'ai décidé de la décuver. Elles sont semi souterraines et gardent la chaleur. Il va bientôt faire froid et il vaut mieux que ce vin reste au chaud. Les autres cuves à côté, toujours sous marc ne seront plus assez actives pour que l'on puisse faire un transfert de CO2 en mettant un tuyau d'une cuve sur l'autre, alors il faudra en apporter avec la bouteille de CO2. Il va falloir aussi espérer qu'elle ne fasse pas sa malo (fermentation malolactique) sinon ensuite c'est une autre course qui s'engage: parfois les deux fermentaions ont lieu ensemble et c'est le meilleur des cas. Parfois c'est la malo qui va plus vite et qui se termine alors qu'il reste du sucre. Dans ce cas, il faut rapidement passer le vin à l'air (pour tuer les bactéries lactiques et pour stimuler les levures qui, elles, adorent l'oxygène) il faut sulfiter pour être sûr d'avoir bien supprimer les bactéries lactiques et là....si on a de la chance la fermentation alcoolique reprend......ou pas......gardons les doigts croisés et espérons que tout va bien se passer. Mais voilà, avec les grenaches les ennuis commencent....ces grenaches qui nous causent des problèmes partout: dans le vignoble, dans les chais....mais qui sont tellement bons. Chaleureux, ronds, fruités, puissants, sensuels et gras....ils donnent toute leur beauté et leur puissance à nos assemblages....

03/10/2017

Ce matin réveil en fanfare...avec une inquiétude et une obsession...les températures....que s'est il passé dans la nuit? j'ai arrêté les groupes de froid à 20 heures, après trois heures et demi de refroidissement. Hier soir, cela me semblait suffisant. Mais, ce matin, soudain l'idée d'avoir laissé les cuves pendant 11 heures sans refroidissement et sans surveillance me provoque une panique monstre. En pyjama, je me précipite dans le chais. Trop de gaz pour entrer. Il faut attendre et encore attendre, la porte ouverte que le CO2 sorte, pour pouvoir rentrer et aller au fond du couloir dans le compteur électrique enclencher le groupe de froid. Au fond de ce long couloir, c'est sûr le CO2 se stocke et j'ai peur de tomber raide morte. Aucun voisin à l'horizon pour me surveiller et me rassurer en me parlant pendant que je plonge au fond du couloir. Comment savoir à quel moment je peux entrer? attendre encore? ou bien y aller? je voudrais aussi mettre mon groupe de froid en route le plus vite possible....car les levures ne supportent pas la chaleur, si l'on monte au dessus de 31/32° elles meurent et, ensuite, on peut avoir des arrêts de fermentation. Bon, j'ai fini par retenir ma respiration en tenant ma bouche et mon nez pincés avec mes doigts pour ne pas inspirer d'une façon réflexe et j'ai foncé monter la barrette électrique dans le compteur. A 8 heures mon employé à pris les températures autour de 28°dans le moût ....on a dû monter autour de 29° dans la nuit et certainement beaucoup plus dans les chapeaux de marc...j'espère que je n'aurais pas d'ennuis...ah ces températures qu'il faut surveiller nuit et jour comme au chevet d'un bébé malade!!!....c'est l'enfer !!!! les chais, plus sophistiqués que le mien, ont des systèmes informatisés de régulation de températures qui déclenchent la circulation d'eau glacée à l'aide d'un pompe sur chaque cuve en fonction des températures...je n'ai, malheureusement pour moi, pas ce genre d'équipement....

01/10/2017

Trop épuisée j'ai cessé de vous donner des nouvelles de la dernière ligne droite des vendanges avant la fin....qui a eu lieu hier, dernières clairettes roses rentrées hier. Nous avons vendangé tous les grenaches cette semaine mais aussi des mourvèdres, des counoises, des carignans....encore quelques syrah qui, vinifiées avec les grenaches, donneront de la couleur à l'assemblage. J'étais vissée sur mon tabouret, pour trier ma vendange et sur mes cuves pour travailler les vins tard le soir...donc je n'ai eu ni la force ni le temps pour revenir vers vous...Enfin finies ces vendanges qui n'en finissaient plus et, je n'en suis pas fâchée. Il faut maintenant bichonner, surveiller, soigner, vinifier ces trois dernières cuves de raisins ramassés pile poil au bon moment. Ni trop tôt, ni trop tard. J'ai eu une dernière crise de doutes vendredi, je voulais refaire des saignées pour mon rosé, décidant tout d'un coup de me donner une dernière chance avant que tout soit fini. Mais, résultat des analyses en main dégustation faite et refaite....j'ai repensé à ce que me disait mon oenologue il y a 20 ans :"le mieux est l'ennemi du bien"...j'ai souvent tendance à vouloir faire mieux que mieux et je suis ainsi parfois mon pire ennemi, car je peux ainsi déséquilibrer un travail dont le résultat est bon. Nous avons encore du grain à moudre pour faire de beaux vins avec cette dernière semaine de vendanges. Mais, nous avons une belle matière qui devrait permettre d'avoir de jolis résultats. Bon je déteste vendre la peau de l'ours avant la chasse....donc on verra mais, tout s'annonce sous de bons hospices pour le moment. 

22/09/2017

Aujourd'hui nouveau décuvage. Rude journée pour les hommes...j'en profite pour vous expliquer ce qu'est la maturité des raisins. Certains confondent maturité et degré alcoolique potentiel. Avec nos mustimètres nous pouvons lire celui ci en écrasant des grains de raisins, pris sur une parcelle (environ 200 grains pris au hasard, sans choisir, à intervalles réguliers). En pinçant le jus entre deux lamelles et en lisant dans la lunette nous obtenons le degré potentiel. Mais, cela ne donne qu'une indication sur la maturité des raisins. La vraie maturité s'exprime par d'autres signes: des pépins sombres, couleur café, la pulpe qui se détache des pépins et qui ne reste pas collée à ceux ci, et la peau qui "lâche" de la couleur sur les doigts quand on la malaxe. Et, dernier signe, et pas le moindre bien sûr: le goût du raisin. Donc degré et maturité ne sont absolument pas synonymes et ce que le (a) vigneron(ne) recherche, c'est la maturité phénolique: celle des anthocyanes. Voilà donc, il ne suffit pas de sortir son mustimètre pour savoir où aller et quoi faire. Tout est beaucoup plus subtil....

20/09/2017

Lundi premier décuvage. Finalement la cuve a rendu plus de jus que je n'attendais, ouf tant mieux ! On compte généralement 1,250 kilos de raisin pour faire un litre de vin mais, une année sèche on peut tomber à 1,300, 1,350 etc....donc on ne connait pas le rendement en jus pendant tout le temps où l'on vinifie une cuve. On découvre seulement au décuvage ce que l'on avait dans la cuve. Pendant toute la fermentation, on travaille sur des approximations. Je mesure la hauteur de ma cuve et je sais combien j'ai de vendanges fraîches (les cuves ont été cubées et j'ai des grilles qui me donnent le nombre de litres par centimètres). Mais ensuite l'inconnue est le rendement en jus...que l'on découvre au décuvage. La météo ce matin me rend folle: météociel annonce 50 millimètres de pluie pour mardi, la chaîne météo annonce de la pluie pour lundi, accuweather pour jeudi et vendredi prochain et météofrance rien du tout !!!!! allez travailler avec de pareils pronostics....Franchement nous sommes accrochés à la météo que nous compulsons plusieurs fois par jour pour l'aide à la décision mais, c'est loin d'être une science exacte !!! alors on va avancer à petits pas et voir en se rapprochant peu à peu comment les pronostics évoluent...et faire une côte mal taillée et décider au jour le jour ce que l'on va faire....je ne redoute pas la pluie mais, je crains bien sûr toujours un phénomène cévenol car je ne suis toujours pas guérie du traumatisme de 2002...Bon j'attends l'électricien encore des problèmes de contacts sur deux télécommandes....

le 19/09/2017

Lundi premier décuvage. Finalement la cuve a rendu plus de jus que je n'attendais, ouf tant mieux ! On compte généralement 1,250 kilos de raisin pour faire un litre de vin mais, une année sèche on peut tomber à 1,300, 1,350 etc....donc on ne connait pas le rendement en jus pendant tout le temps où l'on vinifie une cuve. On découvre seulement au décuvage ce que l'on avait dans la cuve. Pendant toute la fermentation, on travaille sur des approximations. Je mesure la hauteur de ma cuve et je sais combien j'ai de vendanges fraîches (les cuves ont été cubées et j'ai des grilles qui me donnent le nombre de litres par centimètres). Mais ensuite l'inconnue est le rendement en jus...que l'on découvre au décuvage. La météo ce matin me rend folle: météociel annonce 50 millimètres de pluie pour mardi, la chaîne météo annonce de la pluie pour lundi, accuweather pour jeudi et vendredi prochain et météofrance rien du tout !!!!! allez travailler avec de pareils pronostics....Franchement nous sommes accrochés à la météo que nous compulsons plusieurs fois par jour pour l'aide à la décision mais, c'est loin d'être une science exacte !!! alors, on va avancer à petits pas et voir, en se rapprochant peu à peu, comment les pronostics évoluent...et faire une côte mal taillée et décider, au jour le jour, ce que l'on va faire....je ne redoute pas la pluie mais, je crains bien sûr toujours un phénomène cévenol, car je ne suis toujours pas guérie du traumatisme de 2002...Bon, j'attends l'électricien encore des problèmes de contacts sur deux télécommandes....

16/09/2017

Hier, nous avons vendangé des Carignans, des cinsault et nous avons été surpris par la quantité de jus dans les Carignans...quel dommage que ce cépage ne fasse pas de jolis rosés, car une saignée aurait été parfaite. En revanche, j'ai saigné deux cents litres sur la première benne de cinsault histoire d'apporter un peu d'élégance et de fruit à mon futur rosé. La cuve est bien pleine. La journée a été bien remplie aussi car il faut bien sûr continuer à piger, remonter, prendre toutes les densités et température des autres cuves, levurer, refroidir, et nettoyer la réception (tapis de tri, égrappoir, pompe à vendange) et la machine....quelques trois heures de travail pour le nettoyage. Il ne faut pas oublier que l'on compte que pour faire un litre de vin ....il faut un litre d'eau. Le nettoyage est fondamental. Les bactéries prolifèrent à une vitesse fulgurante dans un milieu où il y a des restes biologiques. Et les bactéries à cette étape de la vinification sont nos ennemies. La propreté est aussi indispensable pour la sécurité dans le chais. Une poignée de raisins écrasés au sol entraînent des glissades et des chutes. Comme sur le pont d'un navire, il faut sans cesse laver, frotter, passer les raclettes et chasser les restes de vendanges dans les moindres recoins de tuyaux, boas ou manches. Une entreprise quotidienne en costume imperméable qui prend beaucoup de temps et d'énergie mais sur laquelle on ne peut pas faire la moindre impasse....

12:09:2017

Hier nous avons ramassé une nouvelle cuve de syrah. J'espérais continuer à vendanger aujourd'hui mais, mon œnologue m'en a dissuadé. Elle m'affirme que les grenaches ne sont pas mûrs. Elle a sans doute raison. Mais, je me demande si les choses vont s'améliorer et, s'ils vont finir par être considérés comme mûrs ces raisins... ou bien s'ils ne vont pas tout simplement se dessécher dans ce vent qui n'arrête pas de souffler, avec le soleil qui n'arrête pas de briller et de chauffer..J'ai dû beaucoup insister pour faire comprendre à mon jeune stagiaire les risques de notre métier. NON on n'essaye pas de rattraper un objet tombé dans une cuve: c'est la MORT ASSURÉE. NON on ne rentre pas dans le chais sans laisser longuement d'abord la porte ouverte pour laisser le CO2 s'écouler à l'extérieur. On ouvre les portes et les fenêtres et on fait des courants d'air intensivement quand les cuves fermentent. La mort n'est pas due à un simple manque d'oxygène, comme le prétendait une intervenante d'un stage de sécurité et de secourisme que j'avais suivi. NON, ce n'est pas comme une apnée et le problème n'est pas dû à la faible teneur en oxygène de l'air....l'air est saturé à 100% de CO2 et une simple inspiration induit un blocage pulmonaire et cardiaque en une fraction de seconde. Tous les ans des vignerons meurent dans les caves. J'insiste, ici, car je pense que peu de gens savent que nous travaillons avec ce risque vital en permanence pendant les fermentations et que le moindre geste irréfléchi cause des morts dans nos chais. Nous avons fait sentir le gaz au jeune stagiaire en lui faisant approcher doucement son visage dans la cheminée d'une cuve en fermentation et je lui ai dis: "tu vas le faire tous les jours, jusqu'à ce que cela te rentre dans tes gênes jusqu'à la troisième génération après toi, au moins.....". Pour ma part, c'est dans mes gênes depuis longtemps. J'ai vu mon père faire des cauchemars terrifiants et hurler la nuit et j'en fais aussi.Ce qui ne m'empêche pas parfois de prendre un coup de gaz un peu sévère, malgré les précautions que je prends et de finir aux urgences...pas souvent heureusement....

10/09/2017

Une fois de plus nous n'avons eu qu'un ou deux millimètres de pluie...plus de trois mois et demi sans eau. C'est le premier été de ma vie sans voir le moindre éclair, sans entendre un coup de tonnerre et sans une belle pluie. Ce grand silence et ce grand vide dans le ciel et toute la végétation qui sèche, se déshydrate et souffre... m'use les nerfs. La réponse à notre récolte desséchée ne viendra pas du ciel. Inutile de chercher de ce côté là une réponse...Le vent s'est remis à souffler aggravant le problème jour après jour. C'est désespérant. Depuis que je fais ce métier j'ai eu droit à des extrêmes que mon père n'avait jamais vues...70% de récolte en moins en 1997 suite au gel, toute une récolte qui pourrissait en 48 heures suite aux pluies torrentielles de 2002, la grêle à de multiples occasions (alors qu'il ne grêlait jamais sur mon village...). La canicule de 2003 qui faisait mourir les souches de grenache et cette année: probablement une demi récolte à cause de la sécheresse...et probablement pas mal de mortalité sur les syrah qui ne supportent pas le stress hydrique...tant d'efforts si souvent anéantis....quel métier de fou !!!!

07/09/2017

J'avais décidé de continuer à vendanger deux autres parcelles de syrah. Tout le monde était convoqué à 6h30. Mais, à 5 heures, après avoir fait un nouveau tour sur la météo, j'ai décidé de reporter cette vendange à lundi. Il n'y aura pas les énormes pluies attendues donc, on peut attendre encore un peu. Voilà le genre de volte face que l'on fait au petit jour....remettant en cause tout ce qui avait été décidé la veille. Ceci fait intégralement partie des vendanges. On met en place une stratégie, on convoque tout le monde et puis, on recule tout d'un coup....après une petite nuit de sommeil, la réalité apparait sous un nouveau jour et on remet en cause le jugement de la veille. Donc Aujourd'hui on travaille notre première cuve qui n'est pas très pleine avec un grand délestage. On ne peut pas utiliser le turbopigeur car la cuve n'est pas assez pleine (j'ai peur que cela soit le cas pour la plupart des cuves rentrées cette année...). Cet après midi je vais occuper mon monde à l'étiquetage....et le vent continue de souffler et le soleil de briller....

06/09/2017

Une nouvelle récolte...C'est une nouvelle aventure, aucune année ne ressemble à celles qui l'ont précédée et il faut à chaque récolte faire preuve d'une grande adaptabilité et d'une vraie capacité à analyser la situation et ce qu'il va falloir faire pour en tirer le meilleur parti. En ce qui me concerne cette année, les raisins blancs ont été vendangés la semaine dernière. Petite récolte, petit rendement....toute cette campagne s'annonce sous des hospices de pertes importantes de récolte....entre 30 et 60% selon les parcelles et selon les domaines. Tout le monde en parle, tout le monde s'affole. Mais, il n'y a pas grand chose à faire. Nous n'avons eu aucune pluie depuis des mois et les vignes ont manqué d'eau et les raisins aussi, par voie de conséquence. Alors tout le monde attend cette fameuse pluie que l'on nous annonce chaque semaine et qui, au finish mouille à peine les parebrises des voitures. Lundi j'ai vendangé trois parcelles de syrah qui étaient mûres et qui n'allaient pas s'améliorer avec le temps mais plutôt se dessécher dans ce vent qui n'arrête pas de souffler. Sécheresse plus vents ont été au menu météorologique durant tout l'été et ça continue! j'ai tiré du rosé et j'ai laissé démarrer la fermentation.

01/12/2016:

Je vous délaisse de plus en plus longtemps, il faut dire que je ne pourrais que répéter la même chose: les sucres, les malo, analyses, résultats, les étiquetages, les maçons, les réparations des tracteurs, étiqueteuse, et autres outils qui se dérobent parfois lorsque l'on a besoin d'eux en urgence...et aujourd'hui la DREV, la DRM, la Déclaration de Récolte, site Prodouane, Déclarvin, etc... tous ces chiffres qu'il faut aligner sur mon grand cahier de vendanges pour les reporter ensuite dans moult sites déclaratifs avec identifiants, Mot de Passe, déroulants, colonnes diverses, numéro CVI, SIRET, PACAGE, ONIVIN, EVV, EA, MSA, TVA, ACCISE, SIREN, et autres ....tout cela doit être impeccablement posé dans ces sites boudeurs et rageurs si l'on ne fait pas ce qu'ils veulent. Alors des message punitifs apparaissent en rouge vous interdisant, vous enjoignant, vous imposant ....vous barrant la route rendant impossible le clic magique sur "Valider"....l'enfer administratif que connaissent toutes les entreprises, qui prend tellement de temps et d'énergie que l'on n'a plus envie ensuite d'appeler le joker à l'autre bout du monde qui pourrait peut être vous faire vendre des tas de palettes de bouteilles....

22/11/2016:

La pluie a interrompu les travaux sur les toitures et c'est odieux de patauger dans l'eau dès que l'on veut travailler....mais c'est ainsi, il faudra tout de même continuer les soutirages (j'attends les résultats des analyses de ce matin) et étiqueter et expédier les vins. Il ne reste que trois semaines pour tout boucler. Il faut avancer, pas à pas, mais avancer. Vivement la fin de l'année et le début des travaux de taille, c'est le moment où je souffle un peu. Quand on me dit "en fait vous ne travaillez que pendant les vendanges..." j'explique que, bien au contraire, il n'y a qu'une petite pose en début d'année et encore....il faut vite penser aux dégustations, assemblages, ventes au négoce, etc....

17/11/2016:

J'ai un énorme engin de levage dans la cour du Domaine. Les maçons sautent de toiture en toiture pour réparer et refaire ce qui doit l'être....ça me rend nerveuse. On va avoir des problèmes pour faire partir les palettes, sortir l'élevateur de la remise etc....cela va compliquer notre travail...mais, toutes ces toitures avec de la mousse dans les gouttières, des tuiles cassées, des toitures refaites qui ont été mal faites et qu'il faut refaire...d'autres plus que centenaires qu'il est urgent de refaire...

Les échantillons sont partis à l'analyse ce matin, on attend avec crispation les résultats. Bon, mon oenologue, et tout le monde, me dit que les cuves sont arrêtées partout. Mais, cela ne me remonte pas le moral pour autant....Sucres/Malo....une problématique qui peut virer à l'obsession et parfois au cauchemar...on va voir cet après midi ce que l'on décide de faire. Je sais que si je bouge mes vins la fermentation va s'arrêter, elle est déjà tellement ténue. Mais, si je les laisse en vidange indéfiniment ils vont mal tourner...entre la peste ou le choléra, vous choisissez quoi vous ????

15/11/2016:

Soutirage de plusieurs cuves qui ont fini leur malo. J'avais demandé à mon oenologue de venir déguster l'ensemble des cuves pour s'assurer de la bonne évolution de la cave. On redoute toujours qu'une cuve développe par exemple une réduction en restant sur ses grosses lies ou bien d'autres types de problèmes. Tout a été dégusté et il n'y a aucun défaut. Tout va bien sur le plan gustatif, ouf !!!

Ce soir j'ai constaté avec consternation qu'il n'y avait plus de CO2 sur l'une des cuves en vidange qui n'a pas fini son sucre...nous avons sauté sur la bouteille de CO2 et nous en avons mis de longues giclées qui gelaient au contact de l'air chaud et le gaz tombait en gouttes glacées à la surface du vin ....bon, la protection est assurée pour le moment mais, on ne va pas pouvoir tenir indéfiniment ainsi....et les analyses montrent que la fermentation ralentit. Les pétillements sont devenus imperceptibles.....je craque...je ne veux pas faire de levain....Je suis allée à Cairane chercher des capsules pour mon prochain étiquetage, et les maçons, qui vont refaire une partie du toit de la salle de conditionnement, ont installé leur échafaudage autour de l'endroit où je vais devoir le plus travailler dans les jours qui viennent ....quelques inquiétudes....

14/11/2016:

Avons passé tout le week end à surveiller les températures des cuves et à faire des cartons.

Ce matin il faut bondir dans la cave, foncer déposer à Pont St Esprit les échantillons qui seront analysés à mon Laboratoire de Suze la Rousse dans la journée.

En attendant les résultats, nous allons étiqueter à tour de bras autant de vin que possible.

En quelques jours il va falloir assez de vin pour toutes les expéditions et les livraisons de Noël du début décembre tout en soutirant les vins qui auront fini leur malo....du pain sur la planche !!! le rythme de travail va être soutenu, il va nous falloir alterner entre le chai et la salle de conditionnement bouteilles. Enfin espérons de belles commandes pour cette fin d'année et espérons que toutes ces malo se terminent vite ......ainsi que les sucres !!!! je ne veux pas avoir à faire de levain. (Quand les vins ne finissent pas leur sucre, il faut utiliser des levures finisseuses comme les bayanus. Il faut alors faire un levain ce qui est compliqué et qui prend un temps fou. Il faut mettre de l'eau, du sucre, du vin et les levures pour obtenir un mélange à une certaine densité, il faut maintenir le tout à une certaine température et dès que l'on perçoit des pétillements, il faut doubler le volume avec le vin de la cuve arrêtée, ensuite il faut surveiller la surface et dès que la fermentation se manifeste à nouveau il faut à nouveau doubler le volume etc.....ensuite on envoie une partie du levain dans la cuve et on redouble le volume du levain que l'on a gardé ainsi de suite....cela peut durer ainsi des semaines......ÉPUISANT, pour moi c'est la corvée suprême....)

05/11/2016:

Je délaisse un peu ma chronique....car je m'occupe de divers chantiers toitures, gouttières, réfection de salle de bain dans l'ancienne paillère transformée en appartement etc...gérer la valse des divers corps de métiers, des artisans mais aussi des agences, me prend pas mal de temps. Pourtant il va falloir s'occuper des soutirages (quelques cuves ont fait leur malo) et des étiquetages car les commandes commencent à tomber.

Mon employé à passé plusieurs jours à ériger des grillages le long du Pourpré pour empêcher les castors de revenir faire des ravages dans mes vignes l'année prochaine. Mais je pense qu'il faudra électrifier à partir de la mi août, si on veut être un peu tranquilles. Le problème c'est qu'il faudrait en faire partout autant contre les sangliers, en sachant qu'ils ont pour habitude de tout arracher et emporter sur leur passage...un peu décourageant. Mais je redoute désormais qu'ils ne me dévorent littéralement la future récolte.

J'ai encore des fermentations alcooliques languissantes et trois cuves avec du sucre. Un gramme de sucre par litre perdu en 6 jours....on rame !!!! c'est vraiment la galère. Et comme nous avons un mois de retard il va falloir tout faire en même temps, la cave, et la commercialisation d'avant Noël, livraisons en Auvergne et Lyon incluses....on a un mois environ pour tout faire....ça va être dur!!!

03/11/2016:

Pendant cet horrible long week end de la Toussaint, j'ai rongé mon frein.

Je me suis occupée d'autres choses (affaires personnellse) espèrant que la B et la C termineraient leur sucre et que la A terminerait sa fermentation malolactique. Hier les analyses sont tombées: rien n'est fini !!! on va tout de même changer la A de place et la mettre dans une cuve avec un drapeau pour la chauffer. Elle est à 0,4 de malique, au dessous de 0,3 elle serait considérée comme finie. Je n'ai jamais vu pareil blocage. Sa température est de 21°, absolument idéal pour que les bactéries lactiques fassent leur travail... le vin est décidément un produit plein de mystères même pour nous ...

Un autre chapeau flottant a fini sa malo et on va le soutirer dans la foulée, on avance à petits pas...on ensemence au fur et à mesure les autres cuves avec les lies. On annonce une baisse importante des températures, cela ne fait pas mon affaire. Il va falloir chauffer les cuves avec les cannes chauffantes. Cela implique de surveiller les températures, de déplacer les cannes d'une cuve sur l'autre, d'y penser en permanence...de surveiller tout cela comme le lait sur le feu....j'y vais !!!

29/10/2016:

21 heures

j'ai délaissé mon journal, je me suis éloignée du Domaine pour deux jours. J'avais besoin d'une respiration et de prendre de la distance. Rien ne sert de s'énerver autour des cuves. Elles finissent leurs sucres. Il fallait attendre vendredi après midi pour que les analyses disent l'évolution...et tourner en rond ne servait à rien. Tout a été nettoyé, l'égrappoir, la pompe à vendange, le tapis de tri, ont repris leur position pour l'hiver. Le groupe de froid pour les rouges a été vidé. La machine entièrement démontée et lavée. Les spécialistes sont venus faire le bilan de ce qu'il faudra faire pour l'entretien: changer une dizaine de roulements et remplacer ce grand pignon qui est trop usé. Malheureusement, Braud ne fabrique plus de pièces pour ce modèle et il faudra en trouver un d'occasion. Le problème c'est que ceux que nous trouverons seront sans doute usés également. Les analyses annoncent que certaines fermentations malolactiques se font en même temps que la fin des sucres. Il faut donc encore attendre avant de déplacer ces vins car tout mouvement intempestif peut arrêter la "malo". Cette deuxième fermentation est la transformation de l'acide malique en acide lactique sous l'effet des bactéries lactiques. Sans cette fermentation, le vin n'est pas marchand et ne peut être vendu ni agréé. Cette fermentation est assez mystérieuse et capricieuse. Elle a lieu quand elle veut et si elle veut. Dès qu'une cuve a fait sa malo, on réparti les lies dans les autres cuves. On apporte ainsi les bactéries lactiques dans le vin et on espère ensuite que ces cuves ainsi ensemencée vont faire leur malo. Si les températures chutent il faut absolument chauffer les vins et les maintenir autour de 21° sinon les malos ne se font pas. Pour l'instant je n'ai rien chauffé, certaines malo se sont faites toutes seules. On va soutirer (passer le vin à l'air car les bactéries sont anaérobies, enlever les lies, renvoyer le vin dans sa cuve et faire le plein pour compenser la perte des lies) Les lies servent à ensemencer les autres cuves et on va devoir avancer pas à pas. j'ai tout de même encore 4 cuves en vidanges et cela ne me réjouis pas. Aujourd'hui nous avons fait le plein d'une cuve avec ses propres presses qui ont fini leur fermentation alcoolique et leur malo. En les relogeant sur les gouttes on espère que la malo va se déclencher sur l'ensemble de la cuve. Tout cela est très technique mais, je ne vous fais pas grâce des détails pour que vous sachiez ce que nous mijotons dans nos chais pendant des semaines....

25/10/2016:

22 heures 30

Voilà le chai est en mode fin de sucres, les vins pétillent et quand on soulève les trappes on peut voir leur activité. Les analyses qui viennent de tomber, montrent encore pas mal de sucre dans certaines cuves, d'autres sont finies alors qu'elles ont l'air plus actives que jamais. Le vin est un produit vivant et bien mystérieux. Notre travail maintenant consiste à suivre sur les analyses les évolutions des différents paramètres et de décider au fur et à mesure ce qu'il convient de faire pour les protéger au mieux. Voilà l'expression "élever son vin" se justifie plus que jamais. Et je dirais presque, cela ne fait que commencer. En effet, nous avons maintenant ces tous jeunes nouveaux nés dans la cave. L'étape la plus cruciale de la naissance étant passée, il reste maintenant à assumer sans faille l'autre étape: le maternage vigilant, bienveillant de tous les instants. Qui implique pour un vigneron/une vigneronne, de s'oublier soi même encore et toujours, pour se mettre entièrement au service de ses vins. Il faut penser à eux, les analyser, les surveiller, tester la présence de CO2, bondir s'il disparaît dans les cuves en vidanges. Surveiller les fermentations malolactiques qui peuvent se faire en même temps que les fermentations alcooliques mais aussi parfois les bloquer. Il faut lire les signes et s'en remettre au bon sens. Maintenir les vins dans de bonnes conditions de température et attendre. Un peu comme on attend au chevet d'un enfant convalescent les signes d'un rétablissement.

23/10/2016: 

Ecoulage de la dernière cuve qui sera décuvée demain...ouf, il n'y aura enfin plus aucun raisin sous marc!

Mais, on n'est pas sortis de l'auberge pour autant. J'aurais donc 6 cuves en vidanges plus trois presses qui fermentent encore.

Autant dire des enfants malades à surveiller comme le lait sur le feu.

D'abord s'assurer en permanence qu'il y a toujours du CO2 à la surface des vins et dans le vide.

Ensuite, analyser les sucres et suivre pas à pas leur évolution.

On m'annonce que l'électricité sera coupée dans le village vendredi prochain et une bonne partie du 2 novembre....Génial ! juste avant et après ce long week end de la Toussaint, avec un pont durant lequel je n'aurais pas non plus la possibilité de faire des analyses. Le labo ferme pour 4 jours et vient de me l'annoncer par mail. Je suis super inquiète et super stressée.

En tout cela fera donc 6 jours sans pouvoir travailler soi par manque de connaissance de l'évolution des sucres, soit parce que nous n'aurons pas l'électricité....au moment le plus crucial où les vins sont en danger, où il faut les déplacer ou faire le plein de toute urgence si les sucres se terminent....enfin je pense que je vais disjoncter!!!!! on dirait que pour pouvoir travailler tranquillement il faut sans arrêt se battre...je peux vous dire que pour un vigneron/ une vigneronne le calendrier n'a aucune importance pendant les vendanges, la nuit, le jour non plus. Et on a besoin d'électricité !!!! ZUT ZUT ZUT ZUT.....Après on dira que j'ai mauvais caractère....Ne plus pouvoir compter sur le labo au moment crucial et que l'on coupe l'électricité pour rallonger ce week end de deux jours de pénitence supplémentaire est une calamité absolue pour moi.

21/10/2016:

(vous aviez peut être constaté que j'avais oublié de changer la date du mois de septembre pour le mois d'octobre depuis 21 jours... cela vous montre à quel point on perd le sens du temps pendant les vendanges...)

23 heures

Décuvage hier, et un autre aujourd'hui sur la plus grosse cuve de fermentation de mon chai. Il faut faire trois pressoirs pour décuver cette cuve. C'est un énorme travail, les hommes commencent à 6 heures, il faut à peu près 45 minutes pour remplir un pressoir avec un homme qui doit envoyer régulièrement le marc dans la pompe à coups de fourche et un autre qui étale le marc, qui a tendance à faire des tas dans le pressoir. Comme je regrette mon vieux Vaslin qui n'était pas pneumatique et qui faisait un travail moins subtile mais, qui avait un remplissage automatique dont je pouvais m'occuper toute seule avec une télécommande qui me permettait d'interrompre la pompe au fond de la cuve et de changer tout simplement la goulotte de côté avant de remettre en route la pompe de décuvage. Il faisait un bruit assourdissant de forge de l'enfer mais, j'adorais circuler sur ses passerelles en caillebotis en l'air et regarder la perspective des cuves alignées. Il est sorti du chai un beau matin après qu'un homme surgit de nulle part suite à une petite annonce passée sur le net, précisant que je le donnais à celui qui le sortait de la cave....cette manoeuvre a pris 36 heures de coups de marteaux, de callage avec des rondins et autres bouts de bois, des calculs savants et une ingéniosité extraordinaire à cet

homme pour accomplir l'impossible...

CLOSE UP PLUS PLUS

mon vieux pressoir Vaslin sort du chais 2 cm de chaque côté, il roule sur un tas de rondins dont l'équilibre est plus qu'instable...Au revoir mon grand cheval d'acier!

Sa femme et sa fille dormaient dans la voiture, par un froid polaire et je les ai obligées à venir dormir dans la maison. Pendant toute la nuit j'ai écouté chaque coup de marteau qui rapprochait mon pressoir de la sortie ou de la catastrophe. Il lui fallait passer devant une cuve de 330 hectolitres en acier émaillé et il n'y avait que quelques centimètres de chaque côté pour franchir le portail en bois. Au matin cet homme incroyable a réalisé ce miracle, sa femme et moi même applaudissant les larmes aux yeux. je n'ai jamais revu cette petite famille qui m'a donné l'impression d'être des gens hors du commun avec un courage et une détermination exceptionnelle. Avec le talent d'un expert en mikado, il a sorti sans faire bouger les autres baguettes, cette tige ensevelie au milieu d'un tas de bois sur lesquels elle glissait à la limite de la rupture d'équilibre. Le tas de bois qu'il avait construit pour faire descendre le pressoir était totalement instable et ce jour là c'était comme de voir un homme marcher sur l'eau, je ne pouvais croire mes yeux. Ce que j'ai vu tenait de la

magie ou de l'hallucination. Au dernier moment, j'ai pensé qu'il n'y arriverait pas et j'ai vu la catastrophe se profiler à l'horizon. Mon pressoir allait s'encastrer dans ma plus grosse cuve et le désastre allait être total. J'ai poussé un grand cri au moment même où cette espèce d'accouchement aux forceps a réussi in extremis et j'ai éclaté en sanglots....il y a des gens qui accomplissent ainsi des tours de force dans le silence et personne ne saura jamais que ce qu'ils ont fait relève du génie et montre une intelligence et une habileté digne des plus grands ingénieurs. Dans l'intimité des chais il y a parfois des êtres qui accomplissent un travail qui prouve une force de caractère de la persévérance qui force l'admiration. Je dois dire que le décuvage de ma grande cuve de vinification montre que les hommes dans ma cave ont aussi toutes ces qualités et j'admire leur travail.

P6230150

P6230159

P6230157

arrivée du nouveau pressoir (flash back) qui est motorisé et qui reste au sol dans un appentis.

19/10/2016:

17 heures

les décuvages s'enchainent. Sauf aujourd'hui où l'on a décidé d'attendre des résultats sur les analyses de sucre avant de décider comment nous allions faire pour les deux décuvages suivants. Les moûts sont presque secs (plus de sucre) mais pas tout à fait. La fin des fermentations devient un peu languissante. La solution c'est de décuver et de mettre les presses sur les gouttes (elles sont toujours plus sucrées mais aussi plus actives) pour que jus de goutte et presses terminent ensemble leur fermentation...c'est toujours un peu risqué mais, les fermentations ont plus de chance de se terminer ainsi que sous marc. On a l'impression que sous cet épais et très compacte tapis de matière sèche, qui flotte littéralement à sa surface, le vin suffoque. Le décuver en l'aérant devrait re dynamiser les levures. On croise les doigts, on décuve dans les cuves souterraines qui seront plus chaudes, dans lesquelles des vins étaient à 29° il y a deux jours. La terre garde une certaine inertie thermique qui est bien utile et pratique dans le cas présent.

Mon employé à commencé à démonter la machine à vendanger, on a préparé une expédition pour la Belgique....ce n'est pas l'ouvrage qui manque. La cuve a été écoulée et demain dès l'aube le décuvage commencera.

17/10/2016:

21 heures 30

Théo Nodet

Vignoble du Domaine

Pas du tout en forme depuis deux jours, une fièvre très élevée, une crise de toux compulsive qui m'a laissé des douleurs atroces dans les côtes....heureusement que les hommes continuent méticuleusement leur travail. Écoulant les cuves qui sont "sèches"(plus de sucre) et décuvant le lendemain. Aujourd'hui, décuvage de la cuve de vieux Carignans sous une pluie battante. Quand les raisins ne sont plus dehors, on a tendance à se relâcher un peu sur le suivi de la météo...dommage, on aurait dû s'organiser autrement. La Tâche est déjà très pénible, alors en ciré sous la pluie, c'est pire. Je n'ai pas été d'un grand secours. A part dans les décisions sur où mettre les presses et la goutte. Quelle cuve choisir, tout cela en essayant de se projeter dans les futurs décuvages, avec toujours en tête le fait que les cuves devront être pleines. Depuis 20 ans ma main vit sur une machine à calculer...même la nuit! il faut essayer d'évaluer les volumes et décider des cuves qui seront les plus appropriées. on parle de volume de plus de 100 hectolitres pour la goutte d'aujourd'hui par exemple, ce qui équivaut (je vous traduis) à environ 13 333 bouteilles. On ne parle pas de micro vinification ou de vin de garage. Mais bien de volumes avec lesquels on ne peut pas s'amuser à se tromper. Mes cuves de vinifications souterraines sont cubées et j'ai une grande règle en bois que nous avons graduées et qui me sert à compter le nombre de centimètres de vendanges fraîche. Ensuite je sais quel est le nombre de litres par centimètre pour chaque cuve et il suffit de multiplier pour avoir le volume global. Ensuite on divise ce volume par environ 125 pour avoir le résultat probable de vin produit par la vendange en question. On part sur un valeur moyenne de 1 litre de vin produit pour 1,250 kilo de vendange. Bien sûr, selon les années le coefficient en question peut varier s'il y a plus ou moins de jus...on travaille dans une certaine approximation et il faut tout de même tomber juste....toujours la question des cuves pleines. L'idéal serait d'avoir des cuves de stockage qui correspondent à peu près aux volumes des cuves de vinification mais, la vie serait trop facile...et j'ai appris que la facilité ne fait pas partie de ce métier et, je m'en accommode.

15/10/2016:

21 heures 30

Pas du tout en forme aujourd'hui, une rhino avec de la fièvre...nous l'avons tous eue... pas le courage d'aller jusqu'au chai. Mais le travail est fait par d'autres, heureusement. Un vin a été déplacé, car il était en vidange et n'avait plus de sucre et il fallait le loger en cuve pleine. On a tiré un peu de jus d'une cuve qui a terminé sa fermentation mais qui n'est pas décuvée, pour faire le plein. J'ai bien de la syrah dans un chapeau flottant mais, je préfère la garder pour rattraper les lies des cuves de syrah quand les fermentations malolactiques seront terminées. Cette année on a jusqu'à présent mis les presses sur les jus de gouttes. Les presses ont toujours plus de sucre que les gouttes et il faut faire très attention de ne pas remettre du sucre sur un vin arrêté (qui ne fermente plus). Sinon on peut se retrouver avec du sucre et il faudra ensuite refaire des levains pour faire repartir la fermentation, ce qui peut durer des semaines, voire des mois pour atteindre le fameux moins de 3g ou bien moins de 4 g (si on est au dessus de 14°). Quand on m'annonce un arrêt de fermentation je pleure pendant toute une journée. Alors, je fais ce qu'il faut pour que cela ne m'arrive pas...

14/10/2016:

22 heures

Les alertes météo ont désorganisé notre travail. Nous devions décuver les carignans aujourd'hui mais, vu le mauvais temps et la pluie, nous avons tout renvoyé à lundi. Le grappin est enfin venu hier enlever le marc ...c'est de plus en plus compliqué de se faire enlever le marc. Pourtant je suis redevable envers l'état de prestations viniques ce qui implique que je dois à l'état un certain pourcentage d'alcool tous les ans, en fonction de ma production. Les marcs et lies suffisent généralement à couvrir ces obligations mais, encore faut il que la distillerie viennent chercher ces marcs avant qu'ils ne s'altèrent et que leur teneur en alcool s'amenuise. Il y a toujours des problèmes, il faut téléphoner plusieurs fois pour se faire enlever les marc. Les camions sont toujours en panne...tout cela est irritant! Nous continuons bien évidemment les remontages, refroidissements, pigeages, oxygénation et toutes ces manoeuvres prennent beaucoup de temps et d'énergie. Nous avons également relogé un vin qui était en vidange. Les vins ne peuvent jamais rester en vidange trop longtemps. Les cuves doivent être constamment pleines. Les cuves ont des "cheminées" et le vin doit arriver en haut de la cheminée. Si un vin devait se retrouver avec une grande surface à l'air, il serait très rapidement altéré et ne pourrait être vendu. Quand les vins sont pleins de gaz, comme c'est le cas en ce moment, ils tiennent quelques jours en vidange s'il y a du gaz à la surface et dans la partie vide de la cuve. Mais, je n'aime guère que mes vins ne soient pas en cuves pleines. Parfois on ne peut pas faire autrement mais, je respire mieux dès qu'ils sont logés en cuves pleines...je calcule toujours de façon à ne pas assembler encore les vins. Je ne connais pas encore leurs qualités et je ne veux pas faire des assemblages intempestifs. Je les reloge donc toujours au plus près de leur volume, pour les garder aussi proche que possible de la qualité de la cuve de vinification de départ. Si on rajoute sans cesse des vins sur d'autres vins pour faire les pleins, peu à peu on perd la qualité du vin de départ et j'essaye d'éviter cela.

12/10/2016:

22 heures

Je me suis trainée toute la journée. Epuisée je suis, de plus je me suis cogné le pied contre une porte et je crois que j'ai un orteil cassé...enfin, il n'y a pas eu trop de dommages corporels cette année...pas d'attaques cardiaques (comme ce fut le cas pour mon employé il y a deux ou trois ans), pas de gazage au CO2 (comme ce fut le cas pour moi, ce qui m'obligea à aller aux urgences en pleine nuit), pas de chute suivi de ré éducation de la jambe pendant deux ans (comme ce fut le cas pour le père de mon fils) ... les vendanges, c'est une grande traversée de l'océan et c'est aussi une espèce de guerre...on en ressort avec des plaies et des bosses...et encore ne nous plaignons pas car nombreux sont ceux qui perdent leur vie dans les cuves pleines de CO2.

Au cours d'un stage de secourisme pour les viticulteurs j'ai entendu les pires sottises assenées avec conviction: "le CO2 n'est pas toxique, il est juste pauvre en oxygène..."

ah bon! j'ai foncé sur internet et rapporté plusieurs papiers qui expliquent bien que si le pourcentage de CO2 est important dans l'air cela entraine immédiatement un arrêt des fonctions cardiaques et pulmonaires...nous en savons tous quelque chose dans nos chais. On est loin de la simple apnée...et cette dame m'avait presque ridiculisée devant les viticulteurs ne vinifiant pas en cave particulière qui ne connaissent donc rien au "coup de gaz" avec lequel nous vivons...ou mourons....c'est selon....pas de pessimisme ce soir...juste de l'information brute de cuve pour que vous en sachiez plus sur notre métier.

11/10/2016:

22 heures 30

Les vendanges c'est fini: aujourd'hui nous avons rentrés les derniers raisins ....

Ce qui ne veut pas dire que le travail est terminé. Il faut continuer à vinifier: refroidir les moûts pour que les levures continuent leur travail jusqu'au bout, faire des oxygénations pour donner du punch aux levures, faire des pigeages, remontages, bâtonages, et il va falloir décuver 5 cuves....mais, on n'aura plus à s'inquiéter pour les pluies, et le temps qui se dégrade. Ouf !!! une étape cruciale s'achève on commence à y voir plus clair. On sait ce que l'on a rentré, ce que l'on a dans les cuves. Tous ces raisins me sont passés entre les mains, je sais exactement à quoi ressemblait chaque parcelle. Je sais de quoi chaque cuve est faite. De façon globale je suis assez satisfaite de cette campagne et je pense que le millésime s'annonce intéressant. (et surtout pas le Cru, comme le disent les journalistes.....le vin d'une année est un MILLESIME....un cru est une zone d'appellation qui correspond à des critères très particuliers).

10/10/2016:

22 heures

Nouveau changement pour une nouvelle bâche de pressoir....re 3 heures de dévissage et vissage au fond du pressoir pour le technicien et enfin la cuve décuvée ... si chaque cuve doit être décuvée en deux temps cette année avec changement de bâche du pressoir on ne va jamais s'en sortir. Elle a intérêt à tenir le coup aux coutures celle ci....bon sinon, passage de mon oenologue, courir aux douanes après avoir signé sans y rien comprendre des tas de conventions et remis mon stock de début de mois. Je ne vous ai pas expliqué: tous les mois nous sommes obligés de courir aux douanes donner notre stock, nos ventes etc....apparemment maintenant avec ces nouvelles conventions, le nouveau site d'inter rhône, sur lequel on doit également déclarer toutes nos "sorties", basculera les chiffres aux douanes....si vous aviez la moindre idée du nombre de colonnes de chiffres que nous sommes sans cesse obligés d'aligner....vous ne voudriez pas me croire...mais si, mais si, on doit aligner des chiffres toute la journée quand on est vigneron(ne). Certains prennent des secrétaires pour faire tout cela. Ma secrétaire ne fait que de la saisie, je fais tout le reste....et durant 20 ans tout cela m'a épuisée...

09/10/2016:

10 heures 30

Décuvage interrompu, à la fin de la premières pressée, le pressoir refait le même bruit strident. Je pense la bâche que j'avais sous le coude qui avait été réparée et que le technicien a mis 3 heures à installer, vient d'exploser en plein vol à la première utilisation! et le bruit strident est le bruit que fait un ballon de baudruche qui se dégonfle... Normal....C EST L ENFER !!!! la boîte qui représente la marque de mon pressoir vient d'être rachetée pour la 3ème fois et les nouveaux acheteurs sont belges. Tout le monde va se renvoyer la balle...et personne ne sera responsable....bien sûr! quant à ma cuve réparée par deux fois par les maçons....elle fuit encore...je CRAQUE !!!!!! Avec tous les ennuis que l'on doit gérer pendant les vendanges, on devrait nous décorer de faire de si bons vins à la fin....

08/10/2016:

20 heures

Nous avons vendangé des grenaches très mûrs que je vais vinifier avec des mourvèdres. Cela devrait donner un joli résultat. Les journées passent à un rythme fou, il faut aussi assurer le quotidien: cuisiner, aller acheter des légumes, laver le linge tout collant avec le jus de raisin. Même si on est souvent sales, c'est tout de même un vrai plaisir d'enfiler du linge propre....Donc, le travail de la maison continue en même temps que les bons de commande à préparer, le courrier à ouvrir, hier j'ai même signé en courant un dossier de prêt à l'accueil de la banque, pas le temps de monter dans les bureaux...mais les tâches ménagères continuent à prendre du temps...comme je dis toujours: " à mon père, vigneron, on ne lui a jamais demandé de faire les courses, de cuisiner ou de faire le ménage....". En revanche, une femme vigneronne, comme la plupart des femmes qui travaillent, doit assumer aussi les tâches ménagères. Heureusement que je n'ai pas à manier la fourche, et que les hommes font le travail le plus physique et il faut bien l'avouer le plus dur....

07/10/2016:

20 heures

Dernière presse interrompue pour cause de panne. La troisième depuis le début des vendanges! On utilise du matériel très couteux, très technique et sophistiqué, qui ne fonctionne que un mois par an mais qui est sans doute mis à rude épreuve pendant son utilisation.

Pourtant, ces machines sont faites pour s’en servir tout de même!... et on ne peut pas dire qu’elles sont vieilles alors qu’elles travaillent si peu...cette fois ci c’est la bâche du pressoir pneumatique, dont une couture s’est décollée.

Je suis un peu en colère, car cela n’est pas de notre fait: nous sommes trois à trier sur le tapis, ensuite il y a un égrappoir.

On ne peut pas faire plus!

cette bâche a été changée il y a seulement trois ans (prix 1500 euros) alors je suis un peu en colère qu’elle se décolle à la couture...et que j’ai à payer une réparation (on remet une vieille bâche réparée et il va y avoir un déplacement plus plusieurs heures pour tous dévisser et revisser dans le pressoir...le technicien est resté 4 heures il vient tout juste de partir...) pour une bâche (de 5 mètres carré peut être), de 1500 euros qui explose ses coutures au bout de trois ans!!!! Quelle bagarre pour arriver à faire les vendanges, quand je dis que c’est comme une traversée de l’atlantique à la voile...je ne suis pas très loin de la réalité...

07/10/2016:

11 heures

Hier nous avons vendangé de magnifiques grenaches, sucrés, ronds et fermes, une très très belle vendange...je signe tout de suite pour avoir ce genre de vendange chaque année...mais nous n'avons pas pu rentrer tous les grenaches car, nous avons décidé de ne pas remplir les cuves extérieures cette année et ma grosse cuve du fond était pleine. les cuves extérieures sont trop difficiles à travailler et à décuver. Donc, aujourd'hui décuvage d'une cuve de syrah pour pouvoir re remplir demain.....je souffle un peu et espère calmer mes horribles courbatures à coup de paracétamol. Mon fils a une rhino et malgré sa fièvre il doit m'aider pour le tri demain. Il n'est pas question de faiblir pendant les vendanges...c'est un peu marche ou crève. C'est comme ça, on pleurera après, on souffrira après, on se soignera après....Il n'y a que les vendanges qui comptent.

En fait mon tapis est plutôt un tapis de convoyage, il est étroit et la vendange défile vite. Nous nous asseyons sur de petits tabourets pour trier aussi vite que possible les raisins qui défilent à un rythme soutenu.

Tapis de tri

06/10/2016:

6 heures

Je n'ai pas écrit hier au soir, trop fatiguée. La journée a été rude, des heures de tri sur le tapis avec un très longue interruption pour cause de panne sur la machine. Cette fois, une roue ne voulait plus avancer. Panique à bord, le diagnostic allait vers un panne du moteur de la roue. Une très grosse panne qui peut coûter jusqu'à 8000 euros de réparation. Mentalement je fais mes comptes et je décide que je ne réparerais pas si tel est le cas. Je rachèterais plutôt, pour une somme inférieure, une très bonne machine d'occasion dont on m'a parlé. J'appelle en urgence un voisin pour lui demander s'il est d'accord sur le principe de me vendanger le reste de ma récolte. Il accepte gentiment. La pluie est annoncée à nouveau pour jeudi après midi et je n'ai toujours pas vendangé tous mes grenaches. Finalement la panne a été moins grave que le pronostic dramatique envisagé. Ce n'était que la chaine de la Noria qui avait sauté. Un pignon est très usé et ce sera une pièce difficile à trouver sur le marché de l'occasion. Au bout de 20 ans on ne trouve plus de pièces pour les machines....voilà ce que fait la société de consommation: les machines qui ne travaillent que quelques jours par an sont irréparables au bout de deux décennies....nous avons continué le plus possible à vendanger après la réparation mais, j'ai encore plusieurs hectares de grenache qui n'ont pas été ramassés. On fonce ce matin, il faut rentrer tous ces raisins maintenant !!!!

04/10/2016:

20 heures

Premier décuvage de la première cuve de Syrah....Je laisse les hommes manier la fourche, remplir le pressoir par deux fois. Dure journée pour eux. Dans mon chais tout se fait à la main et il en faut de l'énergie pour aller chercher tout le marc au fond de la cuve en le jetant à coup de pelle dans la pompe, qui le pousse et le fait remonter dans le pressoir dans de longs boas (gros tuyaux) roses. L'aspirateur à gaz rejette le CO2 à l'extérieur mais, dans la cuve il fait une température tropicale et à chaque coup de pelle le gaz s'échappe. Il faut tout nettoyer ensuite: la cuve, tous les boas, le pressoir, le cuvon dans lequel le vin a coulé. Ce sont de dures journées d'un labeur difficile. Lâchement, je me réfugie alors dans mon bureau pour préparer l'expédition des bons pour les commandes de fin d'année. Comme chaque année, je me bats avec les grilles des transporteurs, absolument impossible à transmettre à mes clients qui veulent des prix TTC et pour le département qui les concerne uniquement. Depuis 20 ans je demande aux transporteurs de faire des grilles de prix que je puisse utiliser et il est impossible d'obtenir un découpage du territoire en 5 ou 6 zones, par exemple. Les transporteurs se moquent bien de mes difficultés à transmettre leur tableau à double entrées à mes clients. Ils se contentent de m'envoyer dans la figure ce que je devrais leur payer pour leur prestation et BASTA....En France il est très difficile de travailler car les entreprises au lieu de fonctionner comme des partenaires et de s'adapter à vos besoins, ce qui ne leur demanderait peut être même pas des efforts supplémentaires, et bien ces entreprises ne font rien jamais rien pour vous aider à travailler mieux et à les faire du même coup travailler plus.....c'est le contraire qui a lieu. Et parce qu'elles ne font rien pour rationaliser avec vous la meilleure façon d'agir, on travaille tous de moins en moins...et vive l'intelligence au pouvoir !!! Je fais la brasse coulée au milieu de centaines d'enveloppes et je me bats avec des tableaux excell inexploitables pour essayer d'inventer mon propre système mais, bien sûr, tout se bloque. Pourtant j'ai une idée précise de comment je pourrais faire pour donner à chacun son petit papier bien clair....Je craque....

03/10/2016:

20 heures

Nous avons vendangé une grande parcelle de Carignans étonnamment gras. Dans les deux sens du terme: beaucoup de jus et très gras sur les mains. Un boulon du battage de la machine est tombé et nous avons perdu un temps fou à le chercher en versant doucement les bennes de la machine d'abord et ensuite sur le tapis. Une aiguille dans une botte de foin! et pourtant on a trouvé la vis, la partie la plus grande, en triant sur le tapis....l'écrou a fait un tintamarre métallique caractéristique dans l'égrappoir et nous a donc échappé. Le but était de protéger les pompes à vendanges et à décuvage...ensuite levurages, collages, faire tourner les jus, pigeages se sont enchainés et nous avons aussi vider la première cuve de syrah qui va être décuvée demain. Seul le marc reste au fond de la cuve. Cela permettra de commencer la journée plus tôt sans attendre le pompage du moût. Tout se passe pour le mieux. les raisins sont juteux à souhait et après toute la sécheresse de l'été, c'est une bonne surprise.

02/10/2016:

10 heures

Et voilà, finalement il ne s'est rien passé de dramatique...merci Meteofrance qui nous fait paniquer pour rien et ne nous annonce généralement pas les vraies catastrophes...que de stress pour une grosse pluie de 25 millimètres qui n'aura pas eu de conséquences négative. Voilà comment faire monter la tension, le stress et rendre fous les vignerons pour rien. Il faudrait vraiment avoir une météo qui comprenne les conséquences de bulletins fait "pour se couvrir" sur notre système nerveux. Une météo qui passerait par le filtre de l'esprit d'un vigneron. Nous avons passé notre temps à arrêter et débrancher les groupes de froid puis à le remettre dès qu'il ne semblait pas y avoir de menace imminente. Pour ne pas avoir à se lever la nuit nous les arrêtions le plus tard possible. Enfin, je ne vais pas me plaindre que le ciel ne nous soit pas tombé sur la tête mais plutôt m'en réjouir...bien sûr!

01/10/2016:

15h30

La matinée à été calme mais, le tonnerre commence à gronder. On débranche vite tous les groupes de froid et je ne vais pas tarder à débrancher aussi mon ordinateur....

Hier soir je me suis couchée la peur au ventre car MétéoFrance annonçait des orages avec de la Grêle pour aujourd’hui, avec un gros G au milieu d’un méchant carré rouge...de quoi vous faire cauchemarder à vie! je voyais mes beaux raisins tout hachés, fracassés, explosés, striés par ces coupures pires que des coups de cutter. Ces boules de glaces semblent si innocentes, rondes et blanches, si on ne l’a jamais vu, on a du mal à imaginer l’effet coups de cutter qu’elles provoquent sur les grains de raisin. J’ai malheureusement vu souvent ce type de dégâts dans mes vignes. Alors on se prend à s’en vouloir de ne pas avoir vendangé plus vite toutes les parcelles. Mais, l’oenologue dit: “il faut attendre”, on voit bien que les grenaches ont encore besoin de temps, même si les degrés sont déjà hauts. Mais, la peur, l’angoisse d’une grêle à la veille de la vendange, vous fait perdre la tête et on déraisonne. On peut se laisser envahir par cette panique et se mettre à vendanger furieusement...la tentation est grande. Les traumatismes d’années catastrophiques comme 2002 ne sont pas guéris et on doit lutter contre soi même pour ne pas faire n’importe quoi à cause de la peur. Je le dis tous les jours: ce métier est un métier pour les fous, les poètes ou les philosophes....les joueurs aussi...il faut être joueur “allez...tout sur le rouge” et alea jacta est!

30/09/2016:

20 heures

Comme prévu nous avons complété la cuve avec de jeunes grenaches, et une parcelle de syrah qui méritait d'être ramassée. Nous voilà avec trois jolies cuves dans la cave. Il reste encore à ramasser tous les vieux grenaches, les carignans, les mourvèdres, les clairettes et les counoises....on a encore du grain à moudre, et du travail en perspective...cet après midi mon employé à du se déplacer à Alès pour aller chercher des pièces, dont nous avons besoin pour terminer la réparation du circuit de graissage de la machine. Pendant ce temps on a débourbé une saignée. Les pigeages, batonnages, remontages, refroidissement etc...continuent à un rythme soutenu. Cette année les fermentations sont supposées être rapides, alors il faut travailler les cuves un maximum très vite et aussi tenir les températures pour ralentir un peu le processus. Les fermentations ne doivent pas être languissantes mais pas trop rapides non plus. Pour obtenir un bon résultat, il faut un juste milieu. Je redoute le temps qu'il fera demain, car si les orages sont stationnaires, comme l'annonce la météo, nous devrons débrancher les groupes de froids pour qu'ils ne soient pas endommagés par la foudre ou des sur tensions électriques. Donc nous ne pourrons pas refroidir....c'est toujours l'horreur les orages pendant les vendanges on doit courir partout pour tout débrancher et le travail ne se fait pas...

22 heures je viens d'aller sur le site de Météofrance, ils annoncent de la grêle pour demain chez nous. Comme je serais tranquille quand tous les raisins seront enfin rentrés à l'abri dans mon chais...encore du soucis à se faire. Encore guetter le ciel....en espérant...

29/09/2016:

22 heures

Nous avons décalé la vendange à demain, pour terminer la cuve entamée, je voulais d'abord laisser macérer et saigner. C'était une bonne idée de s'arrêter car le graissage automatique de la machine ne fonctionnait plus. On risquait de griller la pompe (coût pour la remplacer au moins 3000 euros) et d'endommager d'autres roulements et paliers. Notre nouveau réparateur est venu en urgence. La graisse alimentaire vendue par un fournisseur local n'a pas les qualités requises pour permettre au graissage de s'effectuer correctement. Grumeaux, manque de viscosité, ce fournisseur vend sans remords un produit qui entraîne droit dans le mur ceux qui le lui achète. Je vais décrocher mon téléphone demain et lui souffler dans les bronches. On a eu de la chance que la pompe redémarre et que l'on arrive à vider le circuit en poussant toute cette mauvaise graisse avec la nouvelle.

On a profité de cette journée sans vendanges pour travailler les vins. La première cuve de syrah termine tranquillement sa fermentation et nous avons commencé les batonnages, elle est délicieuse de même que mes saignées, goûts de myrtilles et de fraises sucrées... nous nous sommes extasiées avec Véronique, mon oenologue. Espérons que nous pourrons continuer aussi sereinement le reste de cette vendange. Espérons une fois de plus que les orages de samedi soient sans violence et sans de trop grandes quantités d'eau.

Vinification

Journal 28/09/2016:

Nous avons vendangé des raisins qui ne supporteront pas la pluie annoncée samedi et qui se complètent magnifiquement, vinifiés ensemble ils donneront un très joli résultat. L'élégance du Cinsault, alliée à la couleur de la Syrah, et le gras de jeunes grenaches fera un vin fruité très agréable. Contente de l'évolution de cette vendange. A la fin de la semaine je pourrais faire un bilan positif sur le début de ces vendanges, espérons que les pluies et orages attendus samedi ne vont pas assombrir le tableau. Cela ne devrait pas être le cas car les peaux des grenaches sont très résistantes cette année et cela devrait leur permettre de tenir le coup.

JOURNAL 27/09/2016:

Nous avons vendangé de très belles syrah. Étonnamment mûres malgré les prévisions de chacun sur le manque de degré. Au contraire, dans les endroits qui auraient pu être en retard, le degré est là, la maturité phénolique aussi. Tout va bien. Juste travaillé de 6 heures du matin à 18 heures pour faire les remontages, pigeages, levurage, prise de températures, oxygénation, nettoyage réception, machine, bennes, prises de maturité sur cinsaults, jeunes grenaches et même carignan pour prendre les décisions pour la suite des ramassages. Retours dans le chais à 20 heures et 22 heures...pour mettre les groupes de froid en route, puis les arrêter. Surtout ne pas perdre de vue les températures, les avoir en permanence à l'esprit et ne rien lâcher....

JOURNAL 26/09/2016:

20 heures: La journée a été chargée. Débourbage et levurage, bien sûr on a fait des bêtises:on a pompé sur une cuve fermée et la manche (tuyau) n'a pas résisté à la pression et elle est percée maintenant. Fichue...

On a fait notre premier turbo pigeur sur la cuve de rouge qui fermente bien. Véronique, mon oenologue, me dit que les cuves fermentent vite et qu'elles moussent beaucoup. Pour la mousse vérification concluante: elle mousse, en effet! Quand Véronique part on a du pain sur la planche: "mettez les tanins, turbo pigez, oxygénez"...en deux minutes, on ne sait plus où donner de la tête, alors que l'on a déjà pris toutes les cuves des vins vieux pour analyse et déplacé un volume de vin qui sera mieux dans un autre chapeau flottant plus loin dans la cave... Demain, vendange à nouveau avec une petite appréhension, tout le monde se plaint: "il n'y a pas de degré". On ne peut pas attendre indéfiniment sans vendanger car quand le temps va se gâter, ensuite, on aura des problèmes pour tout rentrer d'un coup. Il faut y aller, étaler gentiment dans le temps les ramassages. les raisonner....

Vinification

JOURNAL 25/09/2016:

20 heures: le ciel est très menaçant accuweather annonce des orages à proximité ou pour nous...Pas d'orage sur météofrance...qui croire les français ou les américains?

Nous avons à nouveau fait des tests de maturité sur les syrahs et les cinsaults. Bizarrement les degrés ne semblent pas évoluer. En revanche, je pense que la maturité phénolique évolue. Mais tout cela semble aller très lentement. Pourtant les journées sont belles et ensoleillées....ma première cuve de syrah fermente, en tendant l'oreille on entend un léger pétillement et il y a une discrète production de C02. Elle est "partie"...comme on dit...

Chai

JOURNAL 23/09/2016:

Voilà, c'est fait, on a ramassé deux parcelles de syrah et rempli presque au débordement une cuve. Je suis épuisée, difficile de reprendre le rythme....de trier la vendange pendant 5 heures d'affilées sur le tapis...espérons que je vais me ré-habituer.

Suis je contente de ce que nous avons fait aujourd'hui? oui, ces syrah étaient bien juteuses et colorées, la dernière pluie leur a permis de récupérer un peu suite à la sécheresse.

Cave de vinification

JOURNAL 22/09/2016:

J'ai le trac...on commence demain, j'ai l'impression de ne pas être assez prête. Il reste tellement de choses à faire. Pourtant, mon employé a coupé les branches gênantes des arbres autour des parcelles, charrié des tas de pierres pour boucher les ravinements causés par les dernières pluies dans les talus, j'ai déclaré mes employés pour les vendanges, payés des factures, commencé à prévoir dans quelle cuve ira chaque parcelle....mais j'ai le trac...comme si je passais mon bac demain. Chaque année je suis dans le même état fébrile...je ne suis jamais prête, jamais assez prête à faire le grand saut dans les vendanges, car je sais que je vais me déconnecter de tout et que je vais basculer dans un autre monde...celui du chais 24H sur 24 jusqu'à l'obsession...jusqu'à oublier tout le reste...et c'est d'ailleurs nécessaire. Il ne faut plus penser qu'aux vendanges désormais. Plus rien d'autre ne dois compter.

JOURNAL 21/09/2016:

C'est l'anniversaire de ma mère. On ne lui a jamais fêté, car il tombe malencontreusement pendant les vendanges et que l'on a toujours bien d'autres choses à penser. Quelle malchance pour elle. Elle est toujours passée après les vendanges. Mais, pour un vigneron ou une vigneronne TOUT passera toujours après les vendanges......absolument TOUT....

JOURNAL 20/09/2016:

11H 30 Matinée échevelée: un bâton de secouage qui casse sur la machine à vendanger, ensuite un pneu crevé sur un tracteur prêté par un adorable voisin pour faire le charroie à la Cave, où je dois amener des blancs. On a pris du retard, on n'est plus dans les temps....coup de téléphone de la cave ...."normalement on ferme à 11 heures les quais pour les pressoirs"...les sangliers ont bouffé mes raisins sur ma parcelle de syrah à côté des blancs...j'enrage....

JOURNAL 19/09/2016:

Changement de programme: demain on ramasse bien les blancs mais pas les syrah. j'ai décidé de repousser à vendredi et lundi prochain le ramassage. Je laisse encore quelques jours de plus à mes magnifiques syrah pour atteindre la maturité maximale. Le temps s'annonce beau, il n'y a pas de risques. Le seul risque est celui du décalage dans le temps qui implique que certains raisins (comme les tardifs, les carignan par exemple) devront ensuite attendre que l'on décuve pour pouvoir rentrer dans le chais et être vinifiés à un moment où le temps finira par se gâter.

JOURNAL 18/09/2016:

Nouveaux tests de maturité sur Syrah, les degrés sont bons mais, la peau des baies est dure et on se dit que l'on pourrait encore attendre un peu....il va falloir décider. Visite de la cave et explications avec le jeune Florian qui va m'aider à trier les raisins sur le tapis. Photos dans le chais à barriques avec mon fils...joli résultat!

JOURNAL 17/09/2016:

De retour sur le Domaine, quel soulagement, il a encore plu 10 millimètres hier. Les vignes sont heureuses, ça se voit. Elles se redressent, elles reverdissent, elles ont cessé d'être recroquevillées. Quand mes vignes souffrent, je souffre aussi...étonnante connexion physique avec le végétal. En 2003 il a fallu faire un énorme chantier pour remplacer les pieds morts. Ces pluies ne sauveront pas tout mais, le bois sera moins sec, les feuilles ne tomberont pas trop vite, ce qui permettra aux souches de faire des réserves pour l'année prochaine. C'est déjà un bon point.

Journal 16/09/2016

Ce matin énorme orage avec de la grêle, dans l'Hérault, où je me trouve. Il semble se diriger vers le Gard....Terreur !!!! Pas de la grêle, s'il vous plait le Ciel ! laissez nous vendanger tranquillement, la semaine prochaine, des vignes heureuses d'avoir pu un peu étancher leur soif, sans se faire lacérer par ces boules glacées...l'angoisse continue donc. Impossible de respirer librement sans avoir la boule au ventre.

JOURNAL 14/09/2016:

Attendre la pluie était trop épuisant moralement, je me suis un peu éloignée du Domaine . Cette pluie qui n'arrivait jamais est finalement tombée dans la nuit: 70 millimètres....Magnifique.

JOURNAL 13/09/2016:

On attend la pluie prévue pour Mercredi... je suis tendue car on ne sait pas comment sera cette pluie....les sols sont secs et si elle est trop forte, elle va dévaler les coteaux. Croisons les doigts pour qu'il n'y ait pas de grêle. Le pressoir a été lavé, les cuves extérieures aussi et équipées pour la vinification future. Nous sommes prêts.

12/09/2016:

On attend la pluie prévue pour Mercredi...les tests de maturité effectués sur syrah ne montrent pas une véritable maturité. Les degrés sont le résultat d'une concentration excessive à cause du manque d'eau. Les pépins ne sont pas complètement bruns, la pulpe colle aux pépins...il faut attendre cette pluie qui devrait peut être débloquer un peu la situation, si elle n'est pas trop violente.

Le chais est prêt: les groupes de froid on été mis en eau, tous les drapeaux pour le refroidissement sont installés dans les cuves.

JOURNAL 10/09/2016:

Mon employé m'a dit que les castors ont encore détruit 20 souches près du ruisseau....ils m'énervent ces castors qui trouvent très amusant de couper la moitié d'une souche pour l'emmener avec eux dans leur abri. j'avais alerté naïvement la mairie, il y a quelques années, demandant que les castors soient déplacés....on m'a envoyé le garde chasse pour me menacer: "si vous touchez aux castors, vous aurez 5 ans d'emprisonnement et 60 000 euros d'amende". Ahurie je demandais: "faites comme pour les ours blancs...déplacez les...moi je ne les toucherais pas...". On m'a ri au nez. Les castors on doit les supporter et c'est tout, peu importe les dégâts...De plus le blaireau a mangé les raisins de nombreuses souches, ailleurs....c'est du vol de récolte !!! Ne parlons même pas des sangliers qui labourent entièrement les pieds de vignes et font des trous partout. Si je constate autre chose je ferais appel au capitaine de louveterie...

JOURNAL 09/09/2016:

Je suis allée voir plusieurs site météo: il semblerait qu'il va pleuvoir jeudi (peut être mercredi) et ce week end. Bonne nouvelle! surtout s'il n'est pas question de phénomène cévenol, comme en 2002. Difficile d'oublier cette année terrible où, autour de nous, le paysage avait l'air d'avoir été bombardé: ponts coupés, routes arrachées, supermarché sous les eaux, villages inondés. Tout cela au début des vendanges que nous avons commencées sans l'aide de mon oenologue qui ne pouvait pas me rejoindre car tous les ponts sur la cèze étaient impraticables. J'avais dû chercher de l'aide pour ramasser au plus vite les parcelles, car les raisins s'altéraient à vue d'oeil...j'avais réussi à recruter trois machines différentes. Un tour de force dans cette ambiance de fin du monde...il y eut aussi des morts et je ne peux passer cela sous silence. Bon, espérons des pluies douces, longues, qui ne dévalent pas en emportant tout avec elles. 

JOURNAL 08/09/2016:

32°...toujours aucune pluie prévue.

Le débroussaillage autour des vignes est terminé. Mon employé a pris la judicieuse décision de ne pas débroussailler dans l'herbe trop sèche, à cause du risque d'incendie. Un simple coup de l'outil métallique sur un caillou peut provoquer une étincelle et déclencher un incendie. On voit souvent cela avec les moissonneuses batteuses.Ce soir j'ai eu une réunion à la cave coopérative où je vais apporter une parcelle cette année. Les analyses sur la production de vin sur tout le pays sont pessimistes: la plupart des régions ont été touchées soit par la grêle soit par le gel (la Bourgogne, le Beaujolais, Le Val de Loire, l'Hérault, l'Alsace) par le mildiou (Le Bordelais). Maintenant, c'est au tour de la sécheresse de s'attaquer aux raisins. On parle de 60% de perte dans l'Aude. Cette année s'annonce, une fois de plus, comme une année difficile à vinifier. Les décisions pour le ramassage vont être difficiles à prendre. Certaines parcelles se bloqueront peut être et cesser de mûrir, tout en se desséchant très vite. Il va falloir être très vigilante et maintenir une observation de tous les instants de chaque parcelle. Voir comment chacune évolue et être très réactive en cas de signes inquiétants.

JOURNAL 07/09/2016:

Toujours pas de pluie prévue. Le ciel reste désespérément bleu... les vignes souffrent et peu à peu les feuilles jaunissent dans les endroits plantés sur le rocher, où le sol n'est pas très profond. Mes vignes sont plantées dans des sols sableux peu profonds où le rocher affleure parfois au milieu des pieds de vignes. Quand il fait sec, comme c'est le cas depuis plusieurs semaines, les sols étant pauvres, les vignes souffrent. Autrefois on disait que l'on faisait du bon vin avec des vignes qui souffraient un peu. Certes, on ne cherche pas à avoir de grandes quantités de raisins ou de feuilles dans les terroirs en appellation, car la qualité n'est alors pas au rendez vous Mais, trop c'est trop...

JOURNAL 05/09/2016:

Aujourd’hui tous les vignerons qui appartiennent au GDON (Groupement d’Observation des Organismes nuisibles) a organisé une véritable Battue à la flavescence Dorée. Cette cicadelle pique les souches qui dépérissent et très rapidement la maladie gagne toutes les autres souches rien ne peut traiter les souches malades, seul l’arrachage des souches malades peut éviter la contagion. Si la parcelle est atteinte à plus de 20% le préfet fait arracher la parcelle entière, aux frais du vigneron. Nous avons déjà fait un traitement contre la flavescence dorée, comme le préfet l’avait préconisé mais, l’observation permet aujourd’hui de voir si oui ou non il y a présence de la flavescence dans notre commune. 20 personnes ont arpenté toutes les vignes passant dans une rangée sur deux pour inspecter toutes les souches. Cette situation est très grave, c’est la survie de tout le vignoble qui est en cause et chacun est concerné. L’inspection se fait collectivement ainsi tout le monde est protégé, tout en protégeant son voisin. Si aucune souche touchée n’est détectée, nous n’aurons pas besoin de traiter trois fois l'année prochaine contre cette cicadelle qui assassine le vignoble. La lutte contre la flavescence dorée est une priorité, n’en déplaise à ceux qui, pour se faire une publicité personnelle, ont refusé de traiter leurs vignes contre l’avis du Préfet de leur région....internet était plein de commentaires exaltés soutenant ce type de démarche individualiste suicidaire et attentant à la sécurité de l’ensemble d’un vignoble d’une région....

Aujourd'hui, plusieurs souches suspectes ont été trouvées, elles seront analysées. Le plus souvent le résultat est négatif mais, il ne faut rien laisser au hasard et travailler ensemble contre ce fléau. Visite de pré vendange avec mon oenologue Véronique David...comme chaque année je suis comme un cancre devant la page blanche...je ne me souviens plus de rien et j’ai l’impression que la valse des levures, enzymes, tanins, températures ne veut plus rien dire...il va falloir bosser et tout reprendre comme si c’était ma première vinification. C’est ainsi, ce travail dure un mois par an et ensuite pendant 11 mois on n’y pense plus et on oublie tout du processus compliqué de vinification !!!

JOURNAL 04/09/2016:

Hier j'ai été invitée chez des voisins pour un grand repas de clôture de chantier. Leur toiture est enfin terminée et ils ont tenu à remercier tous ceux qui avaient participé à ce grand chantier, réalisé sans entreprises. Je n'ai que modestement autorisé le stockage des matériaux chez moi et j'ai donc été invitée. Ma Cuvée Reine de Saba a été dégustée avec enthousiasme et les compliments étaient émaillées de visages manifestant un vrai plaisir. La Vie en Rose mon rosé, qui a obtenu une Médaille d'Or à Uzès cet été, a produit le même effet à l'apéritif. Je n'ai pas présenté cette cuvée à d'autres concours car ceux ci ont lieu de plus en plus tôt. En janvier il faut déjà présenter les vins....je mets en bouteilles mes vins en mai et en janvier ils ne sont ni filtrés, ni embouteillés et je ne peux donc pas les présenter car rare sont les concours qui acceptent le "brut de cuve". Il n'y a pas si longtemps on présentait les vins au printemps. Mais les exigences du négoce qui veut acheter des cuves médaillées et les mettre sur le marché le plus vite possible ont sans doute modifié la donne et les Concours ont lieu à peine trois mois après la fin des vinifications. Je considère que pour faire de bons vins il faut laisser du temps au temps et j'ai horreur de malmener mes vins. J'aime que l'hiver passe sur le blanc et le rosé, leur permettant de se dépouiller tranquillement. Pour le rouge je laisse encore plus du temps au temps....et je vends le plus souvent des vins qui ont 3 voire 4 ans d'âge minimum.

JOURNAL 02/09/2016:

Enfin des nouvelles pour la réparation de la machine à vendanger: le colis avec les pièces s'est perdu....et le patron de la boîte a eu un grave problème de santé, trop de stress. Imaginez si cette situation s'était produite en pleine vendange. Ce serait terrible, je ne sais pas si les transporteurs en tout genre pensent une minute que pour nous le travail d'une année peut être gâché à cause d'une négligence sur un petit colis au fond du camion...Il fait chaud, trop chaud, trop sec. Je viens de regarder Météo-France aucune goutte de pluie prévue pendant les 15 jours à venir. Les vignes ont besoin d'eau et cela commence à m'inquiéter. Je sais que du côté de l'Aude les experts tournent pour évaluer les dégâts dus à la sécheresse. Dans l'agriculture nous sommes sur la ligne de front des conséquences du réchauffement climatique et je me demande comment certaines personnes peuvent être encore sceptiques sur ce sujet.

JOURNAL 01/09/2016:

Premiers tests de maturité sur les blancs, ce matin. Pas encore mûrs. Pour faire un test de maturité il faut ramasser environ 200 grains sur une parcelle. On mets la main dans la souche, et sans regarder, on attrape un grain au hasard. On avance dans les rangées en prélevant ainsi les grains. Ensuite, on écrase tous ces grains et on dépose une goutte de jus sur le réfractomètre et on peut lire directement le degré. Il faut que l'échantillonnage soit représentatif de la parcelle. On prend plus de grains dans la partie de la parcelle qui sera la plus chargée, par exemple. On peut aussi filtrer le jus à travers un tamis et avec un petit matériel simple on peut aussi analyser l'acidité. La maturité s'évalue avec le degré mais, également avec l'acidité et d'autres signes dont je vous parlerais plus tard.

JOURNAL 31/08/2016:

Tôt ce matin je suis allée chercher des victuailles au drive. Peu à peu je commence à remplir les placards et faire des réserves pour les vendanges. Quand nous serons épuisés, il sera indispensable de n'avoir qu'à tendre le bras pour attraper quelque chose à se mettre sous la dent, sans efforts supplémentaires. Je me suis lancée dans un emailing en direction de tous mes clients, j'en ai profité pour apurer mes fichiers d'adresses mails pollués par des adresses périmées. Mon ordinateur ne suivait pas le rythme soutenu des mails envoyés à des groupes conséquents.

JOURNAL 30/08/2016:

Journée occupée par un joint qui fuyait, placé derrière la jauge d'une cuve.. j'ai cherché dans plusieurs magasins spécialisés si je pouvais en trouver un...rien. Un client m'a conseillé d'en découper un dans un capuchon de bouchon que nous utilisons pour les robinets de cuve. Bonne idée... Mais, mon employé avait décidé que pour changer ce joint on attendrait demain pour pomper entièrement la cuve. Après une visite dans la cave et un verre entier de vin écoulé en une heure, j'ai fait revenir mon employé et nous avons pompé tout le vin dans une autre cuve (3400 lires), nous avons fabriqué un joint aux ciseaux et à l'emporte pièce, positionné celui ci, ce qui s'est avéré très compliqué car les boulons n'accrochaient que de quelques millimètres....Une journée occupée par un joint en caoutchouc....c'est ainsi....il faut prendre soin du vin et être à son service...quoiqu'il arrive.

JOURNAL 29/08/2016:

Journée bien remplie: passé une heure et demi à assister le technicien qui est venu changer l'un des trois ventilateurs de la climatisation de la salle de conditionnement bouteilles. Renvoyé un disque dur défectueux acheté sur le net. Le moteur hydraulique de la machine à vendanger qui fuyait est parti avec le réparateur qui va voir s'il peut ne changer que les joints....Reparlé longuement du projet toiture sur la salle de conditionnement bouteilles avec le maçon. Cela ne l'arrange pas mais, en bonne vigneronne consciente des réalités économiques de mon Domaine, je ne souhaite pas faire les travaux avant d'avoir récolté....tout peut arriver, je suis assurée contre la grêle mais, rien ne m'assurera contre de méchants orages qui pourraient altérer la qualité de la récolte ... Donc pas de travaux avant vendanges...c'est une règle d'or à laquelle je ne dérogerais pas...

JOURNAL 28/08/2016:

Ce week-end: relâche... j'ai besoin de souffler un peu après cet été où j'ai du assurer une présence constante au Caveau. Difficile de ne jamais pouvoir s'éloigner... même pour aller prendre un thé chez ma voisine car mon portable ne passe pas chez elle et les clients ne peuvent me joindre et poireautent devant la porte....

JOURNAL 26/08/2016:

On a commencé à nettoyer le chais dans la perspective des vendanges. Le tapis de tri, l'égrappoir, la pompe à vendange ont repris leur place et la réception est donc prête pour toute éventualité. Le technicien n'est pas venu pour changer le moteur de la machine à vendanger. Il viendra lundi.

JOURNAL 25/08/2016:

Montage et mise en route de la machine à vendanger....fuite hydraulique qui n'a pas été vue au moment de l'entretien, cet hiver... Rendez vous pris pour changer un moteur demain matin. Des clients auvergnats de longue date m'ont rendu visite au Domaine pour la première fois.

JOURNAL 24/08/2016:

Mon employé et un voisin ont débité un énorme arbre qui est tombé sur l'une de mes parcelles, probablement lors du dernier coup de Mistral. Toujours peur que mon employé se blesse avant les vendanges en exécutant des travaux compliqués, je n'aime pas les tronçonneuses.

JOURNAL 23/08/2016:

Aujourd'hui payé plein de factures, réfléchi pour modifier mes étiquettes en introduisant plus de couleurs, reçu clients au caveau dont deux jeunes filles qui ont appris avec moi comment déguster en crachant...tout un programme....les non professionnels éprouvent une immense gêne à déguster en faisant circuler le vin dans toute la bouche, tout en absorbant de l'oxygène. Une amie qui m'a rendu visite au caveau me disait il y a quelques jours: "tu fais des grimaces horribles...". On nous apprend en effet à ne pas faire de bruit avec la bouche, les grimaces aussi sont prohibées quand on est bien élevé. Hé bien il faut oublier toute cette belle éducation pour bien déguster et ne penser qu'à la sensation, la puissance du vin, l'acidité, les arômes, la rondeur, la matière, la longueur en bouche...peu importe si on fait du bruit et des grimaces. Seul le vin compte et après avoir craché, on ressent le résultat de cette grande tempête que l'on a crée en bouche et on "écoute ses sensations", moment magique où le vin que l'on a craché continue à vous procurer longuement des sensations. C'est la longueur en bouche et on peut la mesurer en comptant les secondes durant lesquelles la présence du vin est toujours ressentie en bouche.

JOURNAL 22/08/2016:

Programme depuis le retour de mon employé il y a une semaine: nettoyer le plantier de Marselan à la main.....dur, dur, 1 heure 15 pour faire une rangée....mais tout sera bientôt bien propre. Un plantier, ça se soigne méticuleusement, même s'il ne produira pas de récolte...c'est l'avenir des plants qui est en jeu et on doit le dorloter comme un enfant.

le 21/08/2016

La grêle a dévasté la récolte du père de mon fils

à Saint Aunès dans l'Hérault....Tristesse totale !!!!! phénomène exceptionnel il a frappé les vignerons qui pour la plupart ne sont pas assurés dans ce département très rarement touché par la grêle. Sa photo est parue dans Midi Libre. Ses vignes n'ont plus de feuilles et je n'ose imaginer l'état des raisins.

Adresse :

4,rue du couchant

30200 COLOMBIER sabran

Un petit coup de téléphone avant une visite est vivement conseillé pour vous assurer de la présence d'une personne pour vous recevoir. 04 66 89 73 98

bottom of page